Visite de Stellantis Héritage
Nous nous rendons le matin à Mirafiori, dans la banlieue de Turin, dans une ancienne usine du groupe Fiat reconvertie en centre de design et en musée, et siège de Fiat.
Nous traversons Turin par de très larges avenues bordées d’impressionnants et massifs immeubles de 8 à 10 étages. Turin était une cité industrielle et il fallait loger les dizaines de milliers d’ouvriers et d’employés de Fiat et de ses sous-traitants. Toutefois les quartiers traversés m’ont paru propres et entretenus, sauf les chaussées qui deviennent un problème en Italie. Les avenues sont parcourues aussi par des trolleybus électriques sur pneus qui prennent le courant sur un réseau de câbles aériens via de longues perches articulées. Je croyais ce mode de transport en commun disparu. Il a l’avantage de s’insérer dans la circulation auto sans nécessiter forcément de voie dédiée. Il peut doubler un véhicule arrêté en double file et ne s’oppose donc pas à la voiture et aux véhicules de livraison. Pas besoin de lourdes, coûteuses et polluantes batteries non plus.
Notre convoi s’aligne devant l’entrée du bâtiment Héritage Stellantis qui rassemble une incroyable collection de 300 voitures Fiat, Alfa Romeo, Autobianchi et Abarth.
Bruno, un italien pur jus, est notre guide et il parle français. Il nous emmène autour de plusieurs îlots à thème en long et en large. Il nous explique beaucoup de détails et d’anecdotes. Faut le suivre et s’accrocher et certains vont lâcher prise, fatigués des marches précédentes. Bravo aux filles passionnées qui ont suivi jusqu’au bout !
78 photos dans ce diapo :
On fait près de 3 km dans cet immense hall lumineux d’un seul tenant. Certaines voitures sont neuves bien qu’anciennes, il y a des voitures historiques, beaucoup de prototypes dont certains pourtant réussis jamais produits, comme cette magnifique Fiat 500 Zagato, ou cette Fiat Scia, des voitures de course, quelques horreurs électriques, des curiosités, et on a plaisir à revoir des modèles connus mais plus revus depuis longtemps, comme la petite Autobianchi A112. Faut dire que les voitures italiennes, ça partait en rouille à une époque et je n’ai vu sauf erreur aucune Alfasud ou Alfa Sprint 🤣



Un grand merci à Bruno !
Conférence au Centro Stile Stellantis
Nous sommes accueillis dans un autre bâtiment richement décoré de citations et d’œuvres d’art moderne pour une conférence des trois responsables design de Fiat, Alfa Romeo et Lancia, respectivement le français Francois Leboine, ex Renault, l’espagnol Alejandro Mesonero, ex Seat, Renault et VW, et l’italien Gianni Colonello, ex Fiat et Maserati. C’est un grand honneur que nous vaut Sport Auto et gràce à Jean-Pierre Ploué, ex Renault, VW, Ford Cologne et Citroên-PSA et actuellement responsable de ce Centro Stile. Jean-Pierre est à l’origine aussi de la visite de Touring Superleggera qui va suivre.
Bien sûr on laisse les téléphones à l’entrée car la salle de conférence est contiguë d’une salle de prototypes que nous pouvons parcourir et les vidéos projetées sont confidentielles. Il y a même un technicien en train de gratter et de peaufiner une maquette échelle 1 en cire ou en pâte à modeler, je ne sais pas ce que c’est cette matière malléable. Et dis Jérôme ce sont bien des engagements de confidentialité qu’on a signés sans lire, et pas des bons de commande ?
La conférence est particulièrement intéressante car elle montre le processus de création et de maturation du design extérieur et intérieur d’une voiture et vous verrez bientôt que le Lingotto n’a pas fini d’étonner et de s’inscrire dans le futur… Mais impossible d’en dire plus.
Nous reprenons les autos pour nous rendre dans une autre banlieue de Turin, pour une visite surprise qui n’était pas prévue au programme !
Je suis toujours très impressionné en sortant par ces immenses immeubles d’habitation de Mirafiori qui découpent leurs hautes silhouettes dans le ciel bleu.
Visite de l’atelier Touring Superleggera
C’est la visite surprise rajoutée par Jérôme et on ne va pas être déçus !
La Carrozeria Touring Superleggera a été créée en 1926 et a bâti sa renommée sur sa conception brevetée de châssis tubulaires en fins tubes d’acier au chrome-molybdène. De nombreux constructeurs ont acheté la licence Superleggera : Alfa Romeo, Aston Martin, Iso Rivolta, Maserati, Lamborghini … on retrouvera souvent cette appellation sur les capots. Cette technologie devenue obsolète a fait fermer la société en 1966.
La société renaît en 2006 pour de toutes petites productions en dehors de ce procédé, ou de la restauration d’anciennes, et est localisée dans un très discret bâtiment dans la banlieue de Turin.
L’atelier est aujourd’hui chargé de monter 33 Alfa Romeo 33 Stradale, à la cadence d’une par mois, toutes vendues à 2 M€ et c’est ce que nous visitons, photos interdites restez groupir, avec les 3 patrons du design rencontrés le matin et JPP. Il y a 10 postes de travail dans l’atelier, plus un petit atelier-cantine annexe, depuis le poste de déshabillage de la Maserati MC20 jusqu’au poste de contrôle finition. Entre les deux, différents postes permettent de monter la voiture avec sa nouvelle carrosserie, les nouveaux berceaux avant et arrière, les suspensions, les freins et tout l’équipement intérieur.
Il n’y a pas de tunnel de lumière et la peinture est faite à l’extérieur ce qui nécessite une logistique supplémentaire.
Cette auto est donc basée sur le châssis carbone de la Maserati MC20 dont elle conserve également le moteur Maserati V6 3 litres biturbo. Mais chez Alfa on nous demande d’oublier Maserati, c’est une Alfa et le moteur est rebadgé ! Elle fait référence à la 33 Stradale de 1968 dont elle s’inspire des formes arrondies et aussi aux prototypes d’endurance Tipo 33 des années 60 à 70.



Aucune parenté par contre avec l’Alfa 33, berline de série produite par Alfasud de 1983 à 1995.
C’est vraiment une magnifique auto avec sa personnalité propre, ses formes arrondies et sensuelles, différente des Ferrari, Pagani ou Lamborghini.
Ils nous ont soulevé les capots et stupéfaction, les coffres avant et arrière sont ridicules et nécessitent une bagagerie spécifique. Même dans la petite Alpine y a plus de place. Ils ont réussi à faire une voiture 2 fois plus grosse qu’une Porsche Boxster de même architecture, mais avec 3 fois moins de place ! Mais bon, elle ne joue pas dans la même cour.
Ce n’est pas un daily, sa possession et son usage sont tout autres et s’inscrivent dans un contexte de collectionneurs d’art passionnés de la marque. Pas sûr même que l’un d’eux l’emmène sur une piste, même si le pilote de F1 Valtieri Bottas a participé à sa mise au point.
La voiture m’est apparue particulièrement fragile au niveau des optiques, de la lame avant, des pare-chocs arrière, des bas de caisse et gare à la moindre mésaventure de parking. Tenez-vous éloignés des trottoirs ou de tout obstacle, même avec les 2 caméras de recul ! Je n’oserais même pas la confier à un voiturier monégasque.

620 ou 750 chevaux selon motorisation thermique ou électrique. La motorisation électrique c’est vraiment fait pour les amateurs d’art et spéculateurs qui ne rouleront jamais avec et ont simplement besoin de la faire déplacer d’une expo à un camion … Ou pour échapper à un malus écologique astronomique en France !
Elle est donnée pour 333 km/h, pourquoi pas, le chiffre 3 étant symbole de perfection.
La perfection, c’est vraiment ce qu’on attend d’une auto de 2 M€ alors qu’une Maserati MC20 était proposée aux alentours de 300 k€. Ils ont donc une belle marge pour mettre au point la voiture pour chaque client et corriger les petites imperfections scotchées et fléchées sur l’une des voitures présentées. Il n’y a d’ailleurs pas d’effervescence dans l’atelier qui tourne avec environ 50 employés (une dizaine de présents), rien à voir avec Pagani ou Bugatti qui sont d’une autre dimension et organisation pour d’autres volumes.

La fin de notre Italian Job
Nous déjeunons tous joyeusement ensemble dans un restaurant de l’autre côté de la rue et vient alors le temps de la séparation. Certains prennent la route de suite, Jérôme s’en va dans le Cantal préparer un nouveau voyage, d’autres rentrent à l’hôtel. Les nantais vont poursuivre leur périple demain vers Monza. Pour ma part je retourne arpenter le Lingotto pour quelques photos supplémentaires de cet extraordinaire endroit et ce sera room service pour me reposer un peu et commencer à écrire.
Vendredi matin je déjeune avec Aurélie et Rémy qui veulent voir ma Maserati de près, puis je prends la route direction la Méditerranée, déjà nostalgique des endroits visités et des bons moments passés ensemble avec le groupe.
Merci à Jérôme pour sa parfaite organisation qui a demandé une énorme préparation, j’en sais quelque chose pour avoir organisé des rallyes à 30 motos, merci à toutes et à tous pour votre gentillesse et votre classe, en espérant vous retrouver en d’autres occasions.