De Maranello à Turin
Le matin je me lève avant les autres pour aller refaire un tour à Maranello.
J’arrive à Maranello, accueilli par le cavallino rampante dressé sur un grand rond-point, après d’immenses parkings à étages réservés au personnel Ferrari.
Je trouve un grand parking herboré devant la nouvelle entrée de l’usine, digne des plus grandes entreprises, avec la soufflerie à gauche. Mais ce n’est pas ça que je veux voir. J’ai fini mes études et je suis venu à Maranello en 1973 à l’occasion du Grand Prix d’Italie à Monza et je veux retrouver l’entrée historique de l’usine Ferrari. J’entreprends de faire le tour de l’usine en voiture et après plusieurs impasses, je la trouve enfin et je peux me garer à proximité. J’avais le souvenir d’une usine à la campagne mais tout a été construit autour et l’usine est cernée d’immeubles d’habitation. En face il y a toujours la cantine d’Enzo Ferrari, qui parait déserte et a perdu son aura.
Plus loin, un immense écusson Ferrari attire mon attention. C’est le siège de la gestion sportive de Ferrari, qui a été sortie de l’usine en 2012. Le site a été conçu par l’architecte et urbaniste français Jean-Michel Wilmotte. Le bureau d’angle est peut-être celui de Frédéric Vasseur.
On me tend un tract à l’entrée, y a élection des délégués du personnel, ils en distribuent aussi aux entrées de l’usine. Moi, je voterais bien pour la Signora Rosalia Martone à la Carrozzeria 12 cilindri 🙂
Je reprends ma voiture et cherche un emplacement pour me garer près de la piste de Fiorano toute proche, non loin du Ristorante Montana. Je trouve à pied l’endroit où se massent les tifosi pour voir évoluer les F1 en essais et apercevoir les pilotes. On voit bien, le virage le plus proche est à 100 mètres et avec de bonnes jumelles tu dois voir la sortie et l’intérieur du stand ! Mais aujourd’hui c’est désert, la saison de F1 a démarré et on est entre les Grand Prix d’Australie et de Chine à une semaine d’intervalle.
Je me rends à Modène au siège de Maserati aperçu l’autre jour, pour une photo souvenir. Le soleil du matin s’élève derrière le Trident qui pointe en haut de sa tour. Maserati c’est fini semble-t-il. Les marketeurs de Stellantis ex PSA ont encore frappé et après avoir tué Talbot et Simca ils se débarrassent de Maserati. On m’a dit que il n’y a plus personne et que les dernières productions auraient été délocalisées dans un coin chez Ferrari … Le Groupe BPM venait d’inaugurer un nouveau showroom à Monaco … Triste fin mais il restera une belle histoire, certes compliquée et que je raconte un peu ici, et de beaux modèles à la musique si envoutante.
Je n’ai pas le temps de faire le tour et je reprends la route et l’autoroute direction Turin. Je ne tarde pas à retrouver les autres et c’est d’abord Jean-Pierre et sa Ferrari Modena qui apparait dans mes rétros. Je le suis et à la faveur d’une pause, je retrouve la majorité de la bande dans une station service. Je montre mes photos du matin à Santiago et cela attire l’attention de Enrico Magnani, un artiste italien qui va à Turin démonter une expo terminée avec sa compagne, experte IA. Nous discutons un moment, je fais une photo, il vient voir nos autos et je lui enverrai le lien du blog.
Enrico Magnani est diplômé en ingénierie nucléaire de l’École Polytechnique de Milan et a travaillé comme chercheur scientifique dans le domaine de la fusion nucléaire au KIT (Institut de technologie de Karlsruhe). Il intègre art, science et spiritualité dans ses œuvres.
Nous reprenons l’autoroute et ça accélère sévère devant. Un coup d’œil à mon compteur m’indique une vitesse complètement inavouable et je lâche le groupe, ne sachant pas trop comment ça se passe en Italie. Ils te mettent en prison ?
Jérôme me rattrape à l’entrée de Turin et me guide vers l’hôtel au pied du Lingotto, le célèbre immeuble Fiat.
Il est encore tôt et les chambres ne sont pas disponibles. Jérôme emmène le groupe à travers le Lingotto au pied d’une des rampes hélicoïdales qui montent au circuit sur le toit. Puis on sort, on traverse une avenue et on entre au Eatalia, temple de la cuisine et de la gastronomie italienne, où chacun va choisir un espace pour se poser et déjeuner. Avec les canadiens on en a un peu marre des pâtes et on se commande du poisson, suivi d’une bonne glace à une gelateria plus loin. Il y en a pour tous les goûts sous les hautes voutes et arcades du lieu, le choix est immense et les rayons débordent de victuailles.
Après déjeuner et avoir récupéré nos chambres, Jérôme nous a donné rendez-vous au pied de l’ascenseur qui mène à la Pinacota Agnelli et au dernier étage du Lingotto, sur le fameux circuit à virages relevés qui coiffe le Lingotto : la Pista 500.
La rampe Nord vue avant de déjeuner est munie d’ascenseurs desservant des espaces commerciaux tandis que la rampe sud que nous voyons maintenant est déserte et sonorisée avec une musique de circonstance. J’y suis fasciné par les jeux de lumière du soleil à travers les immenses verrières et les poteaux en béton.
Aujourd’hui la piste ne sert plus que pour des présentations. Elle est partiellement aménagée en jardins et ouverte au public. Nous en faisons le tour à pied et elle offre une vue imprenable sur Turin et ses environs et sur le Grattacielo della Regione Piemonte (42 étages, plus de 200 mètres de haut).
Ce n’était pas une piste de vitesse, le rayon et la pente des virages correspondent aux vitesses de l’époque, 60-70 km/h. Le développement est de 1,5 km, un short track NASCAR quoi ! Mais tu lâches une NASCAR là-dedans elle traverse le premier mur et se satellise dans le ciel turinois !!!
Par une porte restée ouverte, je peux voir le dessous d’un des virages relevés :
L’immeuble a été coiffé tout en haut d’une salle de réunion panoramique et d’une piste d’hélicoptères :
Un jardin tropical remplit une partie de l’espace intérieur en bas, l’autre partie étant recouverte de verrières au-dessus des galeries commerciales. Il y a d’immenses couloirs et espaces partout sur 2 niveaux et tu peux bien marcher 10 km sans sortir ni repasser au même endroit. Je suis loin d’avoir tout exploré !
Le Lingotto
Amateur d’architecture, ce lieu m’a fasciné. Il fut l’un des principaux sites industriels et siège de Fiat jusqu’en 2019 avant d’être transféré à Mirafiori.
Quelques images anciennes, le lingotto a été bombardé pendant la guerre et restauré :
La construction en béton armé a débuté en 1915 et a été inaugurée en 1923, il y a plus d’un siècle ! L’immeuble fait 500 mètres de long et est muni de 2 rampes hélicoïdales spectaculaires à chaque extrémité permettant aux autos finies de monter sur le toit aménagé en circuit fermé à virages relevés : la Pista 500.
Fiat avait donc sa piste d’essais des voitures finies, comme Renault avait jadis la sienne dans le sous-sol de l’île Seguin.
Même Le Corbusier, adepte des constructions multi fonctions comme la Cité Radieuse de Marseille, avait salué cette œuvre.
Les voitures étaient construites à la chaine dans les divers étages et dans les traverses on trouvait les bureaux d’études et les services. Les Fiat Torpedo, Balilla et 500 Topolino sont sorties de là. La production a été arrêtée en 1982 avec la Lancia Delta. Près de 10000 employés ont travaillé là et dans les bâtiments annexes autour.
C’est l’architecte italien Renzo Piano (voir son dernier immeuble à Mareterra à Monaco) qui a été chargé en 1985 de restructurer l’immeuble en centre de congrès et d’expositions, centre commercial avec cinémas, avec aussi des bureaux, des logements, et le NH Hôtel où nous logeons.
L’hôtel **** NH Torino Lingotto Congress est très confortable et meublé avec goût et des pièces design. Nous y passons 2 nuits pour la plupart car Jérôme a rajouté une visite surprise le dernier jour … Pour ma part j’ai une chambre au 3ème étage, juste sous la piste et donnant sur l’intérieur, je ne pouvais rêver mieux à travers les hautes verrières qui éclairent la chambre.
MAUTO
Après la Pista 500, nous allons à pied au MAUTO.
Museo Nazionale dell’Automobile, Corso Unita d’Italia 40, Torino.
Ce musée retrace sur plusieurs niveaux l’histoire de l’automobile depuis le Fardier de Cugnot, avec bien sûr beaucoup de voitures italiennes mais pas seulement. Il y a une reproduction de la Jamais Contente, voiture électrique qui a roulé à plus de 100 km/h en 1899. Les voitures électriques d’aujourd’hui ne roulent pas plus vite sinon elles vident très vite leurs batteries ! Les voitures sont remarquablement mises en scène, ce qui en fait un musée attrayant.
La partie la plus spectaculaire est celle consacrée aux voitures de course :
À 20 heures nous nous retrouvons pour un dernier dîner au Torpedo, restaurant de l’hôtel. J’ai marché plus de 10 km aujourd’hui m’indique mon iPhone.–>
–> Épisode 5