Organisé par Rallystory, qui a créé une dizaine de rallyes touristiques dans le monde, le Rallye de Paris fêtait cette année avec faste sa trentième édition.

Avec Will (je suis le Dad de dadandwill.com 🙂 ) nous avions déjà fait l’édition 2021 en 996 Carrera 4S. Pour cette année, nous disposons d’une rare Maserati 4200 GT à boite manuelle. C’est un peu le cœur de cible de ce type de manifestation qui marie avec bonheur parcours routier touristique et runs sur circuits, GT modernes et plus anciennes.

100 voitures ! De la Citroën SM à la Ford GT ou l’Ultima GTR, en passant par toutes sortes de Porsche et Ferrari anciennes et modernes, Aston Martin, Lamborghini, Bentley, Alpine, Lotus, Jaguar, Mercedes, BMW, le rallye réunit avant tout des gentlemen drivers désireux de se faire plaisir en toute sécurité et respect mutuel avec des autos surpuissantes difficilement exploitables sur route mais qu’ils peuvent enfin apprécier.

Le samedi

Pour cette 30ème édition nous nous retrouvons comme pour la 1ère édition sur le circuit historique de Monthléry à partir de 8 heures d’une très fraiche matinée.

Les autos sont parquées en 3 plateaux A, B et C, réparties théoriquement en fonction de leur poids et puissance, mais curieusement, nous sommes plateau A avec l’Ultima ! Mais ça va, les avions de chasse sont plutôt en plateau C, avec des Ford GT et une cohorte d’Alpine A110 GT. Même Pozzi y a placé sa dernière Ferrari 296 GTS. La nouvelle Lamborghini Countach y est aussi, dans une livrée blanche immaculée, sorte de vaisseau spatial.

Ferrari 296 GTS

Lamborghini Countach 2023

Nous sommes accueillis au centre de congrès du circuit, le « 1924 », où on nous remet les peintures de guerre autocollantes de nos autos, le road book, la résa hôtel du soir, des badges pour ceux qui veulent faire transporter leurs bagages (les Alpine…) et un sweat chaud Bachmann siglé Rallystory 2023, bienvenu car il fait froid. Café, jus d’orange frais et viennoiseries sont appréciés aussi.

Maserati 4200 GT

Les rapeurs de bitume commencent déjà à tourner en session libre (les Lotus…) mais nous attendons sagement les 2 sessions par plateau A, B et C qu’on se partage avec Will.

A l’heure dite, on passe devant la tour de contrôle pour s’aligner sur la pit lane mythique devant les stands frappés des grandes marques actuelles ou disparues.

Drapeau jaune pour un tour de piste derrière pace car puis drapeau vert, les fauves sont lâchés ! Avec la Maserati on a décidé d’être prudents, on veut aller au Mans demain ! Pour l’avoir déjà testée sur le routier et l’anneau de Mortefontaine je suis confiant mais je reste loin des limites sur ce circuit qui sollicite énormément les freins. Will se lâchera un peu plus 😉

Pour l’occasion je filme avec une cambox montée dans le casque au-dessus des yeux, commandée par une application iPhone, mais le résultat sera un peu décevant. Je bouge beaucoup la tête pour guetter dans les rétros et ça bouge pas mal à l’écran. Je crois qu’il vaut mieux une caméra fixe.

Il y a quelques avions dans cette session, et malgré nos 400 chevaux, nous sommes dépassés sur l’anneau par cette splendide Jaguar E typée course à caisse alu rivetée de 1963.

Drapeau à damiers et un tour sans toucher aux freins pour les refroidir. Malgré le poids de notre auto, ils n’ont pas failli.

En attendant la deuxième session A, nous allons regarder tourner les autres à la chicane des tribunes, à la chicane de sortie d’anneau et en haut de la tour qui offre une vue imprenable.

Will fait sa session (j’ai filmé un tour à l’iPhone ci-dessus) et à midi un excellent déjeuner nous est servi au « 1924 » par le traiteur de l’organisateur. Puis tout le monde prend la piste au ralenti pour un tour et une photo souvenir de toutes les voitures arrêtées et alignées à la sortie de l’anneau.

Puis c’est le départ du rallye routier de 232 km qui nous conduit d’abord en vallée de Chevreuse aux Vaux de Cernay que nous connaissons bien pour y faire souvent rouler nos autos. Les spotters et amis du coin sont là et nous faisons un stop and go pour les saluer !

On rejoint la route de Dreux après Montfort l’Amaury puis nous traversons l’Eure vers la Normandie par des petites routes à l’écart de la circulation. Ici le code de la route s’applique et l’organisateur dont des voitures sont parsemées un peu partout a bien prévenu que tout écart serait durement sanctionné par l’exclusion. Il y a même une équipe de mécanos d’assistance dans un fourgon balai équipé en cas de crevaison ou de problème. C’est donc la balade qui prévaut avec un arrêt au Château de Beaumesnil dans l’Eure pour un contrôle de passage et un arrêt pipi-café-cidre-tarte aux pommes. Il faudra revenir avec les épouses en balade par ici, visiter ce château et ses alentours !

Château de Beaumesnil

Bernay, Lisieux, Beuzeville, Pont l’Évêque, Canapville, nous arrivons à Deauville vers 18 heures par des villages et la célèbre place Morny avant de nous présenter aux abords de l’Hôtel Royal. Il nous faut en faire le tour sous les appareils photo des spotters avant de rentrer sur le parking où une foule nombreuse nous attend, façon montée des marches à Cannes. Un speaker décrit chaque voiture. On glisse l’auto sous un barnum où la municipalité nous accueille, remise de coupe et de cidre du coin, avant de se garer par marques. Il y a des alignements d’Alpine, de Porsche, nous sommes parqués avec les longs capots Ferrari, car c’est un V8 de la marque que nous avons sous le nôtre.

Nous montons les marches de l’Hôtel Royal pour une première flûte de champagne avant de prendre possession de nos chambres et de pouvoir se rafraîchir et se changer.

L’hôtel est quasiment privatisé et la soirée commence dans le hall et au bar avec champagne et petits fours. Les discours se succèdent avec mise à l’honneur de membres éminents de l’organisation ou des participants, car en 30 ans des liens se sont créés ! Maëva, Miss France 2018, qui fait le rallye en Alpine, est à l’honneur aussi et éclabousse l’assistance de son charme. José Valli, écrivain et ancien pilote moto, vient présenter son livre « Patrick Tambay pilote et gentleman », en hommage à ce pilote vainqueur de 2 Grand Prix sur Ferrari et disparu fin 2022. Je vais l’acheter au dîner car ce sont beaucoup de souvenirs qui me parlent comme tifosi qui a déchiré son jean sur les grillages de Monza vers cette époque.

Puis la grande salle du restaurant nous reçoit pour un dîner d’exception. Nous sommes à une bonne table plein centre avec José Valli justement, qui va nous raconter la genèse de ce livre, Thierry et Florence, participants depuis 30 ans avec leur Citroën SM Maserati, Philippe le pilote de la Jaguar E, grand père de 9 petits enfants, un autre grand-père qui fait le rallye avec un petit-fils … pardon à celles et ceux dont je n’ai pas le nom.

Patrick Tambay, pilote et gentleman

Les chambres de l’Hôtel Royal sont particulièrement confortables et je vais m’endormir d’un coup aussitôt après le dîner !

Le dimanche

Lever tôt pour aller faire des photos sur le parking encore désert des voitures recouvertes de rosée sous un ciel rose.

Après le petit déjeuner avec Will nous allons faire un tour sur les planches devant la plage déserte. Même dans ces conditions hivernales, Deauville garde un charme incomparable.

Deauville

Puis les moteurs démarrent et les voitures partent par petits groupes. Nous choisissons de suivre une des Ford GT40 à travers Deauville. Aujourd’hui c’est Will qui conduit et c’est tellement exceptionnel de voir cette auto sur la route ! Nous la suivons sur une bonne partie du parcours vers Le Mans avant qu’elle ne s’arrête ravitailler et nous prenons alors la tête d’un groupe de Porchistes suisses qu’on a vus bien s’amuser sur piste. Mais sur la route ils sont calmes et respectueux.

Le trajet est direct circuit du Mans sans contrôle de passage, 208 km, mais toujours par des petites routes et au travers de jolis paysages du bocage normand et du Perche. Lisieux, puis Livarot, Camembert, c’est la route des fromages, Échauffour, Saint Gauburge, Moulins la Marche, Le Pin la Garenne, Bellême, Saint Cosme en Varais, Rouperroux, Savigné l’Évêque … Aux rond-points, des spotters avertis nous guettent, puis nous arrivons aux abords du circuit du Mans. Le road book nous en fait faire le tour et nous avalons la ligne droite des Hunaudières dont les chicanes sont fermées, le virage d’Arnage où jadis les pilotes malheureux devaient pelleter pour dégager leur voiture ensablée, le célèbre virage d’Indianapolis où tu peux taper à 90° …

Partout la piste est hyper large et souvent bordée d’herbe avant les doubles rangées de rails. C’est une nationale ouverte à la circulation. Les lignes droites sont propices aux hautes vitesses mais justement, à plus de 200 km/h de moyenne en course, les fascines et rails ne sont jamais loin et nous prenons la mesure des risques pris par les pilotes en paquets, aux commandes de voitures inégales, sous la pluie ou la nuit durant 24 heures …

Nous pénétrons dans l’enceinte du circuit par l’entrée sud où une armée de spotters nous attend, pour arriver au parc coureurs derrière les tribunes. Nous sommes guidés et parqués en 3 files sur la ligne des stands. Les rapeurs de bitume peuvent aussitôt s’élancer pour une session libre, mais la piste est mouillée et avec Will nous restons sur la pit lane. Le circuit Bugatti est un billard aux larges dégagements, très sécurisant, mais avec des virages rapides et de longs appuis, alors pas question d’aller se risquer dans un bac à sable.

A midi la session libre prend fin et tout le monde est aux voitures pour un tour au ralenti et aller garer les autos en épi sur la ligne droite des tribunes.

Nous déjeunons au restaurant qui surplombe la piste et nous sommes encore à une bonne table avec une famille entière qui participe en Bentley. Ce sont les équipages d’Alpine qui sont à l’honneur et montent sur scène. Le Président d’Alpine s’est déplacé et des membres du réseau sont venus de toute la France pour prendre contact avec la nouvelle Alpine A110R.

Ultima GTRAprès le déjeuner, aux voitures ! L’organisateur veut simuler un départ « Le Mans » d’avant 1968, quand Jacky Ickx avait protesté contre ce départ dangereux en marchant vers sa voiture et en partant dernier. Il avait pourtant gagné le lendemain ! Aujourd’hui chaque pilote doit être casqué en bord de piste prêt à courir à sa voiture à l’abaissement du drapeau tricolore ! Les 24H du Mans ce sont 55 voitures, aujourd’hui il y en a 100 alignées !

Bon, on démarre calmement un par un pour un tour au ralenti qui nous permet de venir se positionner dans la ligne des stands par plateau A, B et C. Chaque plateau est lâché pour 2 sessions d’environ 20 minutes.

Avec la Maserati je n’en fais qu’une car je garde le MSP (Maserati Stability Program) branché par sécurité : dans les très longs appuis il clignote au tableau de bord, le moteur coupe et tarde à repartir en sortie de virage. Dans ces conditions cette auto est indécrochable mais je m’amuse quand même pas mal, accroché à une Ferrari 355 que je finirai par passer, ou une Porsche 993 qui remplit mes rétros au freinage mais est distancée en accélération 🙂

2 représentants Maserati seulement avec notre 4200 GT BVM de 2005
et sa grand-tante Citroën SM à V6 Maserati de 1971 🙂

Avec Will nous montons en haut des tribunes pour regarder les autres sessions avant de prendre congé et remercier l’organisateur. Nous quittons le circuit avec 2 Ford GT40 qui prennent la direction de Paris aussi pour rentrer en Allemagne. C’est extraordinaire de les voir sur l’autoroute, ça me rappelle l’époque où certaines voitures des 24 heures rentraient elles aussi par la route le dimanche soir ou le lundi !

José Valli en action sur son Alpine A110S, présentée par ailleurs, dans une vidéo joliment montée par un pro :


Un grand merci à Rallystory pour cette organisation impeccable dans les moindres détails (30 ans d’expérience) et à son personnel nombreux et dévoué, traiteur et commissaires de piste Monthléry et Le Mans compris.

Dad and Will
dadandwill.com

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Rallye de Paris, 30ème édition !