L’hiver il fait froid et les routes sont glissantes, pas vraiment le moment d’aller faire un trackday ou de tenter le diable sur les petites routes des Yvelines. Alors pourquoi ne pas essayer un simulateur ? Il y avait longtemps que je rêvais de visiter la nouvelle concession Ferrari à Levallois (adresse officielle 10 Rue Curnonsky, 75017 Paris), la plus grande du monde mais fermée et inaccessible comme un coffre, et justement un simulateur ils en ont un !

Rendez-vous pris je me rends à Levallois en Maserati et les portes s’ouvrent au rez de chaussée du 6 rue Jules Guesde sur un décor somptueux évoquant le cheval cabré et Enzo Ferrari. Je suis d’autant mieux accueilli qu’ils reconnaissent ma voiture, une configuration rare déjà passée par ici avec son premier propriétaire !

On me conduit au bureau d’accueil dans le hall d’expo où trône la Ferrari 488 EVO de Thomas Neubauer, le jeune (23 ans) fils du patron ici, qui a remporté avec cette auto le Trofeo Pirelli 2022.

Puis Hadrien P. chargé marketing vient me chercher et m’emmène au lounge du premier étage. On y trouve aussi un deuxième hall d’expo, un bar, une salle de lunch où vous pouvez commander un traiteur, la salle de configuration avec choix des cuirs, des roues, des volants, des sièges, des couleurs, visualisation 3D sur écran géant de ce que vous avez choisi … un espace détente devant le bar avec nombre de livres et d’objets précieux, des maquettes comme cette Maserati Birdcage ou le fameux camion Bartoletti qui transportait la Scuderia Ferrari dans les années 50…

Un ange passe devant le bar … Une Ferrari 296 GTB en mode électrique …

La voilà qui trône devant l’entrée de l’atelier (pas de photo à l’intérieur). C’est le dernier modèle hybride V6, qui évoque tant la 250 LM de 1964, dans une peinture rouge mat, la même que celle de l’écurie de Formule 1.


Le simulateur

Puis nous voici au simulateur, j’ai réservé pour 1 heure.

On peut y essayer différentes configurations d’autos jusqu’à la Formule 1 et tous les plus grands circuits sont disponibles.

Mes quelques expériences de simulation me conseillent d’opter pour une auto raisonnable car il faut beaucoup d’entrainement pour simplement maîtriser une F1 sans parler de chronos, même en simu. Je choisis donc une Ferrari 488 et justement, ce simulateur est construit sur la base d’une coque de Ferrari 458 Challenge accidentée. Toute la partie arrière détruite avec le moteur a été enlevée.

Pour la piste je choisis Spa Francorchamps que je connais pour y avoir fait un trackday, et le circuit Bugatti du Mans, intéressante révision du tracé pour le prochain Rallye de Paris 🙂

La caisse est montée en hauteur sur vérins et on y accède par deux marches d’escalier. On se glisse avec difficulté dans le baquet car l’espace en  hauteur est réduit avant de refermer la porte très légère. Devant à travers le pare-brise on a un énorme écran panoramique d’immersion totale dont on ne voit pas les bords. Mon coach règle les paramètres à l’ordinateur derrière et me libère. Changement de vitesses par palettes au volant, droite pour monter les rapports, gauche pour les descendre, embrayage automatique, on ne débraye même pas pour la première, comme sur une vraie. Compte-tour numérique horizontal derrière le volant et des diodes s’allument quand il est temps de passer le rapport supérieur. Le volant donne de bonnes sensations avec le ressenti des vibreurs et des retours prononcés. Par contre je mets du temps à m’adapter aux freins, très durs, c’est normal, sur une Formule Renault par exemple il faut envoyer 80 kilos dans la pédale. On ne sait pas si on bloque les roues sauf à les entendre crisser et on manque de ressenti à ce niveau.

Je ne manque pas bien sûr quelques sorties de route et le réalisme est tel qu’on s’attend vraiment à un choc violent contre un mur ou contre les rails quand on perd l’auto ! Si on la perd dans un virage lent, elle patine furieusement avant d’accepter de reprendre sa route.

Mais petit à petit on prend la mesure de l’engin et les temps descendent.  J’ai tendance à être souvent un rapport trop haut comme dans la réalité et le coach vient m’indiquer les rapports à utiliser : 1ère à la sortie de l’épingle de la source, 2ème ou 3ème dans pas mal de virages ou j’en mettais une de plus.

Raidillon de l’eau rouge, monument du sport automobile mondial

Eh non le raidillon de l’eau rouge ne passe pas à fond avec une 488… Il faut une F1 pour ça et beaucoup d’entrainement ! Bien placer l’auto et trajecter car on ne voit pas la sortie mais quelle impression !

Sortie de l’eau rouge et ligne droite de Kemmel

J’arrive à enrouler proprement ensuite les enchainements des Combes, le 180° de Bruxelles, le double gauche de Pouhon bien plaisant en descente (gros dégagement à droite bien utile…), Campus, Stavelot. À partir de la courbe Paul Frère on peut rouler à fond en s’appliquant bien dans le dernier gauche et puis c’est l’énorme freinage avant la chicane, difficile à apprécier sur ce simulateur. La chicane est bien plus délicate qu’en réalité, on manque de sensations et accélérer sur un vibreur vous fait immanquablement perdre le contrôle.

Entrée du double gauche de Pouhon

Trop couvert je transpire abondamment et je dois m’arrêter m’hydrater avant de reprendre sur le circuit Bugatti. J’y retrouve facilement mes marques, sauf qu’à la fin je tente de prendre la voie des stands et tout explose, je disparais dans un trou blanc, elle ne figure pas dans la simulation !

Hadrien me dit que le simulateur va être amélioré avec des coussins gonflables en virage et des ceintures harnais qui te tirent au freinage. Les meilleurs temps des meilleurs pilotes seront affichés, il y aura une GoPro. En attendant vous pouvez ventouser votre smartphone sur la vitre arrière. C’est dommage qu’on ne puisse pas repartir avec un enregistrement de la session et tous ses paramètres (pression sur l’accélérateur et sur les freins, G latéraux et longitudinaux, vitesses, rapports…) sur une clé USB ou une carte SIM. Cela aiderait à comprendre ses erreurs.


Visite de la concession

Merci à Hadrien de m’avoir fait une petite visite de la concession :

  • Salle de livraison des voitures aux clients, certainement un grand moment de convivialité chez Pozzi avec du champagne dans une structure de moteur V12 en réduction et un petit salon. C’est une 488 Special Aperta en livrée course américaine bleu et blanc qui attend aujourd’hui son heureux propriétaire.
  • Hall des voitures d’occasion.
  • Atelier blanc immaculé avec une partie réservée aux Maserati. Il y a évidemment des Ferrari partout, plus que certains n’en verront de toute leur vie. Dans un coin, des mécanos de Ferrari Classiche formés à Maranello s’activent sur un moteur de Testa Rossa posé sur un établi. Tout est d’une propreté d’hôpital.
  • Puis nous descendons dans les parkings du sous-sol, dont les rampes très douces et arrondies doivent éviter les frottements de bas de caisses. Dans le « coffre-fort » s’alignent des trésors sous des bâches rouges. On devine des La Ferrari, des Monza SP1 et SP2, mais aussi des Aston Martin, des Porsche, une incroyable Pagani Huayra avec ses 4 ailerons mobiles… Plus loin il y a la conciergerie où les clients peuvent laisser leur auto en dépôt, récentes ou de collection. Elles seront nettoyées, maintenues en charge et préparées pour repartir au moindre coup de téléphone…

Je retrouve ma Maserati dans le hall d’accueil, près de la « pit-lane » où attendent les voitures qui doivent rentrer à l’atelier. Elles y seront montées par ascenseur. Je ressors par la rue Curnonsky avec le regret de quitter ce paradis de l’automobile et la ferme intention d’y revenir avec des amis.

En Ferrari 488 à Spa Francorchamps… en simulateur !