Le circuit de Mortefontaine

Le centre d’essais de Mortefontaine est discrètement situé en pleine nature dans l’Oise dans un joli espace boisé. Il a été créé en 1956 par Simca pour développer la Simca 1000 et est entouré d’un mur d’enceinte de 8 km. Il comprend :

  • un circuit routier de 5,2 km, comprenant courbes rapides, virages serrés, montées et descentes, un vrai petit Nürburgring, sauf qu’il n’est pas fait pour  la course. Trop étroit et bordé d’herbe il reproduit plutôt une route de campagne mais son tracé permet d’atteindre des vitesses élevées.
  • Un anneau de vitesse de 3 km, 7 mètres de haut, avec des virages inclinés jusqu’à 43°, construit par Chrysler en 1968.
  • Une immense aire plane asphaltée dont une partie peut être arrosée et permettant toutes sortes d’évolutions sans risque. Il y a même une piste droite en marbre poli qu’on arrose pour simuler la glace.
  • Des pistes tout-terrain ou à revêtements variés, pavés, dos d’ânes, saignées, etc.

Mortefontaine UTAC

L’ensemble appartient aujourd’hui à l’UTAC (Union Technique de l’Automobile et du Cycle) qui gère aussi le circuit de Monthléry. Il est utilisé pour des essais auto et moto, par les médias spécialisés presse et télévision ou pour des cours de pilotage destinés aux professionnels (gendarmerie, essayeurs, chauffeurs, etc.).


GT Prestige

Le public n’est pas admis mais deux fois par an, l’UTAC l’ouvre à des amateurs possédant des voitures rapides pour pouvoir les essayer en toute sécurité, avec et sans les aides à la conduite – ESC (Electronic Stability Control), PSM (Porsche Stability Management), MSP (Maserati Stability Program), manettino, etc. – et avec des moniteurs professionnels : ce sont les GT Prestige.

Ici on ne se prend pas pour des pilotes, pas de casque ni combinaison, ambiance gentleman et décontractée. Prévoir quand même des chaussures de conduite.

J’y ai participé cette année pour la 5ème fois et c’est l’occasion pour moi de connaitre les limites de mes voitures en les dépassant en sécurité, cette fois avec une Maserati 4200 GT de 400 chevaux.

Je retrouve Mortefontaine en octobre cette année, toujours ravi de parcourir à vitesse réduite les étendues boisées qui l’entourent avant d’arriver à l’entrée au petit matin, car il pleut, les feuilles mortes jonchent le sol glissant et 2 biches ont traversé devant mon capot !

Au fur et à mesure des arrivées on nous remet les badges et autocollants d’accès piste à l’entrée, avant de nous conduire en petits convois vers le chalet d’accueil au bord de l’aire plane et de l’anneau. On traverse le circuit routier puis on parcourt une partie de l’anneau sur la piste plane en bas, mesurant du regard la hauteur du mur sur lequel on s’élancera tout à l’heure.

Anneau de vitesse de Mortefontaine

On arrive sur l’aire plane et on gare les autos en épi devant le vaste chalet d’accueil en bois où un petit-déjeuner nous attend et où est servi le repas de midi (sauf aujourd’hui où les inscriptions ont été très tardives de sorte qu’on ira au restaurant au village en minibus).

C’est l’occasion de se retrouver pour certains habitués ou de premiers échanges avec les autres participants et avec les moniteurs. Nous sommes répartis en plusieurs groupes de 4 à 5 voitures qui vont se succéder matin et après-midi dans les 3 ateliers prévus : anneau de vitesse, aire plane et circuit routier. Des radios nous sont remises afin d’écouter les instructeurs ou de demander de l’aide.

Une petite douzaine de voitures s’alignent à côté de ma Maserati : plusieurs Porsche GT3 dont une pilotée par une jolie jeune femme qui emmène sa petite fille en passagère, 996 et 997, une 996 Carrera 4S identique à celle que j’ai pu tester lors d’une édition précédente avec mon fils, très sécurisante avec ses 4 roues motrices, une grosse BMW, une Jaguar F-Type, une Alpine A110S,  une Mercedes AMG GT, une Ferrari 458 Spéciale, et la Porsche Boxster du moniteur anneau qu’on ne verra guère en piste, le moniteur montant avec les participants. On ne reverra pas une petite Lotus partie dans le premier atelier circuit routier.


Anneau de vitesse

Ça reste pour moi le plus intéressant et le plus excitant, même si je n’en suis pas à mon coup d’essai, ayant déjà roulé ici ou sur les anneaux de Monthléry et de Daytona. On va rouler à différentes vitesses par groupes de 4 ou 5 voitures derrière le moniteur qui est dans sa propre voiture ou si vous le souhaitez vous accompagne dans votre auto en tête du groupe.

Il y a 3 files tracées sur l’anneau, de pente variable puisque le profil est courbe, à la différence d’une piste NASCAR comme Daytona où le profil est plat (on y roule aussi vite en bas qu’en haut). Le but de l’exercice est de nous faire sentir que chaque file correspond à une vitesse nominale où la voiture vient se placer naturellement si on lâche le volant, ce que le moniteur nous encourage à faire. Une année, j’ai même pris des virages avec lui à 180 km/h mains sur les genoux et les yeux fermés.

Le revêtement est un billard à l’exception d’un passage et est beaucoup plus vaste que l’anneau de Monthléry, plus pentu et serré et où la piste disparait en haut du parebrise quand vous êtes en haut.

L’un des exercices va consister à faire monter et descendre la voiture sur l’anneau en lâchant le volant et en jouant simplement de l’accélérateur. Le but est de ne jamais contraindre la voiture en forçant sur le volant. La file supérieure permet de rouler sans contrainte à 180-200 km/h. Au delà on doit forcer sur le volant ce qui va mettre les pneus à rude épreuve à ces vitesses et finirait pas les chauffer excessivement.

On ne doit pas dépasser 250 théoriquement sur cette piste. Au hasard de mes positions dans la file (le moniteur fait changer la voiture de tête régulièrement à l’occasion de ralentissements et de ré-accélérations), je vais accrocher brièvement un petit 225 avec la Maserati capable de 285. Mais je vous garantis qu’à cette vitesse le virage suivant vous saute à la figure et que, faute d’entrainement et de pouvoir rouler longtemps pour s’habituer à la vitesse, on lève le pied à chaque entrée de virage qu’on aborde par le milieu afin de s’éloigner du rail, pour ré-accélérer une fois dedans et faire sa top speed à la sortie sur la partie plate en s’éloignant encore un peu du rail !

À noter que les aides à la conduite doivent impérativement être déconnectées sur l’anneau, comme le rappelle le panneau à  l’entrée. En effet le poids sur chaque roue peut varier considérablement d’une roue à l’autre si on n’est pas à la bonne vitesse et tromper le calculateur qui risque de freiner une roue et vous mettre à l’équerre ! Aujourd’hui la piste est mouillée et vraiment toute brusquerie est à proscrire.

Merci au moniteur qui m’a lâché un peu la bride quand il est monté avec moi et dont les conseils sont précieux et avisés.


Aire plane

Différents exercices sont possibles sur l’aire plane. Ils n’utilisent plus la piste en marbre ce qui est dommage car l’exercice consistait à s’y élancer à environ 60 km/h et à essayer de s’arrêter droit tout en sentant sa direction. Les 360° n’étaient pas rares mais à la fin on arrivait à bien sentir les limites de sa voiture et de son freinage et le déclenchement de l’ABS et à garder un certain pouvoir directionnel. C’était vraiment un exercice très formateur pour sentir sa voiture sur le verglas.

Un autre exercice consiste à prendre un départ arrêté en accélérant à fond pour prendre un virage à 180° à gauche sous un arrosage, avec et sans aide à la conduite. Pour moi l’exercice n’est pas représentatif de la réalité, on ne s’amuse pas à faire ça avec des autos surpuissantes mais ça permet de voir si son antipatinage et contrôle de trajectoire fonctionnent correctement et effectivement, la voiture décroche mais le moteur coupe, la voiture raccroche et on sort du virage en sécurité. Sans aide à la conduite, salut, tête à queue garanti sauf à être entrainé au drift !

Enfin l’exercice le plus intéressant et qu’on a fait aujourd’hui est un gymkhana chronométré entre des plots se terminant par un freinage le plus tardif possible sur un emplacement balisé.

Aujourd’hui c’est mouillé et ils ont tracé un parcours intéressant comprenant une longue accélération qui met de suite la Maserati en vrac sans MSP, un premier slalom puis un large virage à droite à 180° permettant de bien sentir ses aides à la conduite ou de drifter si on les déconnecte, puis un enchainement de virages gauche droite avant le freinage et arrêt final. Pour moi c’est relativement représentatif d’une route de campagne ordinaire bien que rigoureusement plat. On peut rouler vite et bien sentir et dépasser les limites de sa voiture, notamment dans le 180°. On s’est d’ailleurs concentrés sur ce virage au début de l’atelier.

La Maserati est très lourde avec ses 1700 kg mais c’est finalement un avantage car elle ne décroche pas brutalement et son moment d’inertie empêche de la mettre rapidement en situation irrécupérable. Je ne ferai pas de tête à queue, même MSP déconnecté, contrairement en Porsche ou avec mon SLK.

Par contre cette fois je ne tente pas les chronos, n’ayant aucune chance face à la Ferrari 458 Spéciale ou aux Porsche GT3 …

Le propriétaire de la 458, très sympa, et à qui j’ai rempli les rétros sur l’anneau, me propose de l’essayer mais on ne prend pas en main une telle auto en quelques secondes alors je décline et je fais un parcours avec lui en passager. L’accélération et le freinage sont énormes, le pouvoir directionnel impressionnant. J’avais essayé une 458 Italia dans le passé et les changements de vitesse avec la boite F1 à double embrayage sont un enchantement :


Circuit routier

Le circuit est étroit et difficile avec des courbes à rayon variable, des freinages en appui, des pif-paf, une cuvette en courbe façon raidillon de l’eau rouge et une côte sans visibilité derrière, une ligne droite qui permet de taper le 200 sur le sec. Mais aujourd’hui c’est mouillé et finalement ça me rassure car il y a de très gros freinages qui avaient surchauffé les freins de mon Boxster et la Maserati est très lourde. Aujourd’hui on va rouler prudemment, personne n’a envie d’aller au décor.

On roule derrière un moniteur en Peugeot 308 GTI de 270 chevaux qui calque son allure sur celui qui le suit qu’il fait changer à chaque tour. Les accélérations démoniaques de la Maserati (elle patine en 4ème sur le mouillé !) me permettent de recoller à peu près dans la ligne droite car partout ailleurs je joue la prudence. L’herbe qui borde directement la piste est mouillée et elle ne ralentit absolument pas comme en fera l’expérience une petite Lotus.

Pour moi il s’agit d’assurer les freinages au maximum, d’accélérer roues droites en évitant d’allumer le MSP, de soigner les trajectoires, de rouler le plus propre possible comme me le confirmera le moniteur qu’on peut embarquer avec soi (ou même lui passer le volant) afin qu’il vous corrige éventuellement.


On a pu faire chaque atelier une fois le matin et une fois l’après-midi.

Le vaste chalet en bois (chauffé par un V8 ?) sert de salle de briefing et permet de prendre un café, une viennoiserie ou une boisson tout au long de la journée. Merci aux organisateurs pour leur accueil, leur gentillesse, leur patience et leur professionnalisme.

Je conseille vivement à tout possesseur de voiture rapide de venir ici afin de mieux la connaitre et en tirer parti. Ces stages devraient redonner des points de permis !!!

GT Prestige à Mortefontaine