Octobre 2024 – Le Club Sport Auto organise une balade en Allemagne pour rouler sur le célèbre circuit du Nürburgring et assister à une course du championnat allemand NLS (Nürburgring Landstrecke Serie).
Nous nous retrouvons le vendredi matin très tôt à 4 voitures dans une station de l’A4 avec Laurent notre guide sur Chevrolet Corvette C7, Sylvain et son fils sur Porsche 718 Spyder, Thibaut et son fils sur Porsche RS4 et moi même qui ait choisi la Maserati 4200 GT en prévision des autoroutes allemandes.
La route est sans histoire jusqu’au Nürburgring où nous sommes accueillis par l’écurie Teichmann Racing qui engage 2 voitures, une Porsche 911 GT3 Cup et une Toyota Supra 6 cylindres 3 litres. Comme beaucoup, l’écurie dispose d’un vaste garage donnant sur la voie des stands au rez de chaussée du bâtiment (face aux tribunes) où est acculé leur semi-remorque et d’un vaste lounge au-dessus, entièrement vitré sur la piste, avec bar, cuisine, service traiteur et toilettes. Beaucoup d’écuries louent ces emplacements à l’année, y reçoivent des invités payants comme nous et les font rouler en passager durant la session d’essais libres du vendredi pour arrondir leur budget. C’est vraiment une occasion unique de pouvoir monter dans une voiture de course avec un pilote durant une session d’essais libres précédant une course ! Ça n’existe nulle part ailleurs à ma connaissance !
Les 2 voitures de course de Teichmann Racing
Comme la Toyota a quelques soucis son équipage nous fera rouler sur une Porsche GT3 RS amenée pour l’occasion. L’auto est préparée course avec arceau cage mais chaussée en pneus de route, des Michelin Pilot Sport Cup2 qui conviennent pour la météo changeante d’aujourd’hui (325×50 ZR21 à l’arrière).
Notre voiture pour faire le tour
Ils prêtent casque et combinaison mais j’ai apporté mon propre équipement. J’attends mon tour pendant cette session d’essais libres et j’arpente la pitlane, observant le travail des différentes écuries.
Puis c’est mon tour. On me harnache 4 points bien serré place droite, j’ai le temps de ventouser mon iPhone et c’est parti, sur du gras mouillé ! La course emprunte à la fois une partie du circuit de Formule 1 avec sa ligne droite des tribunes, ses virages aux larges dégagements et bacs à gravier et la célèbre piste de 20 km de la boucle nord, la fameuse Nordschleife ouverte au public en dehors des courses. La piste plus étroite serpente alors dans le massif de l’Eifel, alterne montées et descentes, lignes droites et virages serrés sans visibilité, un incroyable toboggan. Par endroits le rail est à moins de 1 mètre de la piste et les vibreurs sont particulièrement hauts. Comme on le voit sur les compilations YouTube les sorties de piste coûtent souvent très cher.
Mais là on ne roule qu’entre pilotes chevronnés sur des voitures faites pour çà. Il y aura quand même de la casse pendant la course.
Dans notre auto, si j’ai apprécié le tracé vallonné avec ses deux fameux carrousels en béton, les sensations ne sont pas énormes sur piste mouillée, même si le paysage défilait très vite, beaucoup plus vite que si j’avais été au volant. Au freinage on n’est pas la tête dans le pare-brise, à l’accélération on n’est pas collé au siège et en virage ça va, on n’a pas les G d’une monoplace en slicks sur le sec qui vous ballote le corps d’un bord à l’autre de la coque carbone. La voiture est lourde et ce fut une agréable balade accélérée dans l’Eifel avec une très bonne bande son 😊 Alors montez le volume et rendez-vous au premier virage !
Le soir nous dînons en ville et dormons à quelques kilomètres à Honerath à l’hôtel GT3 dans un coin de campagne en hauteur, fait de forêts profondes et de prairies, accessible par ce qui pourrait être une spéciale de rallye. C’est charmant quand il ne pleut pas et qu’il n’y a pas de brouillard.
L’hôtel GT3 appartient au Teichmann Racing, où l’inverse, et est décoré aux couleurs de l’automobile et de la course !
Samedi c’est jour de course et nous nous retrouvons chez Teichmann Racing après un joli convoi montagnard.
Il y a d’abord les essais chronos et là c’est sérieux, pas question de sortir du garage et de se balader sur la pitlane. Après les essais la foule envahit la pitlane puis la ligne droite de départ où les voitures sont alignées, en 2 catégories séparées par un pace car et 300 mètres. Après évacuation et 2 tours de chauffe le départ est donné à midi en 2 vagues successives dans un brouillard dense soulevé par les voitures, pour 4 heures de course. Je ne voudrais pas être dans le paquet !
Dans les stands les changements de pilotes, de pneus et ravitaillements se succèdent pendant qu’on déjeune au lounge. La plupart des voitures sont soulevées par des vérins pneumatiques alimentés par une bonbonne d’air comprimé branchée par un mécano. Mais certaines écuries utilisent 4 crics d’atelier. Les pistolets pneumatiques cliquètent mais ils finissent toujours le serrage à la clé dynamo. Les pleins d’essence à la pompe sont longs aussi, de sorte qu’un arrêt peut prendre 2 à 3 minutes. Si la voiture doit être rentrée au garage ils la posent roues en l’air sur 4 plateaux à roulettes orientables qui permettent de la tourner sur elle même et de la rentrer à la main.
Après l’arrivée et la remise des trophées les équipes vident leur garage et remplissent le camion. J’ai été très impressionné par les moyens engagés et le professionnalisme des équipes, comparable aux séries NASCAR aux USA. Les manufacturiers de pneus sont là avec de gros moyens, Goodyear, Michelin, Yokohama. Le circuit offre une très belle infrastructure et même la Nordschleife est entièrement ceinte de grillages, sonorisée et équipée de feux de signalisation, avec des postes de commissaires, des camions plateaux et des fourgons prêts à intervenir partout.
Dimanche la piste est ouverte au public dans sa partie Nordschleife. Nous avons retrouvé la veille au restau Victor et Arthur, venus de Paris pour tourner avec chacun une Porsche Turbo S et une GT3. La Nordschleife est en fait une route à péage où tout le monde roule dans le même sens et on doit s’arrêter et payer à chaque tour. J’ai vu tellement de vidéos catastrophiques sur YouTube que je ne tourne pas et puis la Maserati pas vraiment faite pour ça risque de perdre ses freins avant la fin du tour. En effet c’est ouvert à tous sans briefing et des Porsche GT3RS ou des Mercedes AMG GT déboulent sur des VW Polo ou des Clio qui partent en tonneaux au premier travers quand ce ne sont pas des fourgonnettes ou des motos !
Je prends donc congé de mes amis et je leur donne rendez-vous pour les filmer au Brünnchen Parkplatz en bord de piste, l’un des spots dans la forêt où le public peut voir le spectacle.
Au Brünnchen Parkplatz
Pour s’y rendre on croise quantité de Porsche sur la route et de voitures de course sur remorque car les pilotes licenciés viennent aussi profiter du circuit et se mélanger aux amateurs et débutants. On y mesure la passion des allemands pour la voiture. Ils viennent en famille malgré le froid ou la pluie, en Porsche, BMW ou en camping car, apportent des fauteuils, à boire et à manger et s’installent pour la journée. Y a même à cet endroit un marchand de goodies et un food truck. C’est probablement un des plus beaux spots de bordure du circuit avec 3 virages et une cuvette. Les voitures déboulent en haut à droite, plongent vers vous dans la cuvette puis remontent en virage avant de disparaître dans la forêt. Finalement tout le monde a l’air prudent. YouTube ce sont des compilations mais la plupart du temps ça se passe bien. Y a des « Ring Taxis » qui peuvent vous emmener et je crois même avoir vu en bord de route des agences de location avec un forfait briefing + voiture + casque. Les cautions doivent être élevées …
J’ai filmé le passage de chacun :
Le circuit du Nürburgring
Il est situé dans le massif verdoyant et forestier de l’Eifel, en Rhénanie Palatinat, à environ 500 km et 5 heures 30 de route de Paris centre.
Il a commencé à être construit en 1925 et a été inauguré en 1927. L’Allemagne voulait, à l’image de la France et de l’Angleterre, se doter d’un circuit permanent, mais qui puisse aussi servir aux essais constructeurs. On apercevra d’ailleurs sur la route quelques voitures d’essai maquillées.
Le circuit a accueilli le Grand Prix d’Allemagne de F1 plusieurs fois, d’abord sur la Nordschleife où les voitures décollaient à plusieurs endroits, puis sur le Grand-Prix Strecke à partir de 1984. Nous avons tourné sur les deux, empruntés par la course NLS.
La Nordschleife est longue de 22,810 km et il y a aussi une Südschleife de 7,747 km. Les deux pistes partagent la ligne droite des stands. Le circuit complet n’a été utilisé que jusqu’en 1929.
Le triple champion du monde Jackie Stewart disait de la NordSchleife « Si un pilote vous dit qu’il n’a pas peur sur le Ring, il existe deux possibilités : soit il ment, soit il ne va pas assez vite pour comprendre ce qu’est le Ring. »
En endurance, les 1000 km du Nürburgring furent courus sur la Nordschleife et aujourd’hui on y court encore les 24H du Nürburgring, une course très populaire rassemblant GT et Tourisme.
Sur la Nordschleife, Stefan Bellof sur Porsche 956 a tourné en 6’11″ en 1983. En 2018 une Porsche 919 Hybrid Evo spécialement préparée car ne répondant à aucun règlement a tourné en 5’19″ sur un tracé légèrement raccourci car on ne peut plus boucler un tour complet sur la Nordschleife, il faut repasser au péage, et les temps sont pris entre 2 repères.
Regardez la vidéo embarquée de ce tour record, c’est hallucinant, on dirait que le film est en accéléré !
Le championnat NLS
En Allemagne c’est la série VLN Langstreckenmeisterschaft Nürburgring, complètement inconnue en France mais rassemblant des participants de pays voisins. Ce championnat est organisé exclusivement sur le Nürburgring par des associations qui s’y invitent les unes les autres. Les voitures sont les mêmes qu’aux 24 heures, mélangeant GT et Tourisme préparées par des équipes très professionnelles et très argentées pour la plupart, quand on voit l’étendue des moyens déployés au parc coureurs. Il y a même une flotte de luxueux camping cars à disposition. Le palmarès en est surprenant, voir ici.
Les Porsche 991 GT3 ou Cup et 718 Cayman GT4 sont aujourd’hui les reines de cette série mais on trouve quantité de Audi RS3, BMW M2, M4, 325i, 328i, 330i, M240i, VW Golf GTI 7 et 8, des Toyota Supra, des Mercedes Coupé AMG, des Audi R8 LMS, des Seat Cupra Leon et Hyundai i30. J’aperçois 2 Aston Martin Vantage et même une Peugeot 308 et une Dacia Logan ! Mais il n’y a ni Ferrari, ni Lamborghini ni Alpine.
Je quitte le circuit direction Sinsheim où je vais faire deux visites de musées absolument extraordinaires sur les thèmes automobile, moto, aéronautique, spatial, militaire, chemins de fer, bateaux et vintage :
Un grand merci au Club Sport Auto et à notre guide Laurent qui a eu l’idée et les relations, pour cette superbe balade parfaitement organisée !
Vielen Dank an Teichmann Racing für den Empfang 🙂 @teichmann_racing