C’était le dernier événement de la saison sur l’autodrome de l’UTAC Linas-Monthléry, puisque c’est l’UTAC (Union Technique de l’Automobile et du Cycle) qui gère cet équipement depuis de nombreuses années. C’était l’occasion de voir ou revoir des voitures prestigieuses ou sympathiques et toujours de découvrir quelques pépites jamais vues, vous allez voir !
Monthléry !
Le circuit a été construit en 1924, avec notamment son fameux anneau de vitesse, sur le plateau de Saint Eutrope, à l’écart des constructions. L’anneau est réalisé en béton armé pré-fabriqué. De section concave, il permet des vitesses croissantes selon l’inclinaison, jusqu’à 220 km/h au sommet. Au delà, il faut tirer sur le volant. L’anneau fait 2,5 km, et est complété par une piste de course de 3,405 km qui emprunte une partie de l’anneau, et un long circuit routier dans la forêt de 6,5 km, peu connu.
L’inclinaison des virages est de 51 à 53°, on ne tient pas debout à pied au sommet, et, conjugué à sa courte longueur, il donne l’impression de rouler dans un tambour géant de machine à laver quand on est à pleine vitesse en haut ! Pour y avoir roulé en Mercedes SLK sur plusieurs tours complets, je me souviens qu’on avait l’impression de rouler en cuvette et qu’on ne voyait pas le bout de la piste au sommet du pare-brise. J’ai roulé aussi sur le 3,405 km à plusieurs reprises en trackday ou à l’occasion de trois Rallyes de Paris. Le grand moment c’est quand tu montes en haut de l’anneau avant de plonger en piqué dans la dernière chicane …
L’anneau fut le théâtre de nombreux records de vitesse dans les années 20 et 30. Plus près de nous, on y a organisé les 1000 km de Paris, course d’endurance où évoluaient des Porsche 917 et Ferrari 512. On se souvient aussi des traditionnelles Coupes de Printemps ou Coupes de l’AGACI où se couraient les championnats de France de monoplaces, tourisme, GT …
J’y ai assisté à des courses sur 200 mètres d’authentiques dragsters américains top fuel dont les V8 turbo nitro compressés faisaient trembler les tribunes et les tripes.
Hélas aujourd’hui le circuit, malgré quelques travaux de peinture, n’est plus que l’ombre de lui-même. L’anneau de vitesse est défoncé, on se demande si on ne va pas passer au travers de la piste. Le 3,405 km est ralenti par d’innombrables chicanes. Interdit aux compétitions, il ne sert plus que pour des essais presse et constructeurs, des démonstrations ou des trackdays amateur. Il faut dire que sans la chicane des tribunes par exemple, on taperait le 280 à l’approche de l’épingle de la ferme avec une supercar et ça pourrait fort mal se terminer.
Il est entouré maintenant de constructions HLM loin de tout dont les riverains gueulent au moindre bruit, et difficile d’accès pour de grands événements avec sa cote parsemée de chicanes. Au moins nous ont ils épargné les dos d’âne …
Les Coupes Auto Légende 2025
Elles se sont donc déroulées sur le 3,405 km. Bon, on est très loin du Mans Classic et l’événement est d’ailleurs boudé des grandes écuries, des grands clubs et des propriétaires de voitures de prestige. Seuls les Porchistes acharnés viennent encore tourner ici en nombre, au milieu de plateaux hétéroclites mélangeant un peu tout et n’importe quoi, voitures modernes et plus anciennes. Aucune Lamborghini ou Maserati ou Aston sur la piste, je n’ai aperçu qu’une Ferrari lente le dimanche. Mais que viennent faire là-dedans une R8 Major, une 4L fourgonnette ou une traction siglée FFI ? Pourquoi pas des Citroën Ami (on en a vu une au parc) ? Mais c’était le même plaisir de rouler pour tous à peu de frais. Cette manifestation permet en effet à de nombreux amateurs de venir tourner sur un lieu historique avec peu de moyens.
Dans le temps l’UTAC invitait un pilote ou deux pour vous coacher sur la piste et je me souviens avoir embarqué Michel Leclère, ancien pilote F1 dans un SLK. Il me disait au freinage tu t’occupes des freins, pas de rétrograder, tu sélectionnes au dernier moment la vitesse dont tu as besoin pour sortir du virage. Il n’hésitait pas à m’empoigner le volant pour élargir au-delà de la ligne blanche au ras des pneus dans le gauche rapide après l’épingle de la ferme.
La vitesse était limitée à 90 km/h cette année sur l’anneau (pour ne pas qu’il s’écroule) et la police veillait 😉
On découvre ou redécouvre aussi des raretés absolues jamais vues ailleurs et la promenade dans les parcs spectateurs révèle toujours quelques pépites. Enfin, l’événement permet à quelques professionnels de la région Ile de France de venir exposer. J’ai remarqué :
Emblematik Garage, un spécialiste de voitures anciennes, avait amené diverses voitures mais on remarquait cette voiture de course moderne qu’ils ont fait tourner sur la piste : une Lamera à moteur Ford 4 cylindres turbo 2,2 litres placé en position centrale en travers. La voiture développe 330 chevaux pour 1020 kg à vide et court dans une série d’endurance monotype, la Lamera Cup :
Cecil Cars, un restaurateur de voitures anciennes bien connu avait amené plusieurs voitures dont cette Lotus Esprit 1979 en livrée JPS (John Player Special) évoquant le titre mondial de Formule 1 Lotus 1978 avec Mario Andretti, une Austin Healey 3 litres à parebrise rabattable, un cab Porsche 356 …
Osenat, la maison d’enchères, avait amené aussi plusieurs voitures dont cette Ferrari F430 spyder promise à de prochaines enchères. Ils ont fait tourner sur la piste aussi cette splendide Mercedes Coupé 280 SE de 1971, à allure modérée (elle n’est pas faite pour) :
On faisait la connaissance de Kulsterne France, un spécialiste Mercedes de collection capable de vous refaire une Pagode par exemple, plus belle que neuve. Ils présentaient plusieurs voitures dont cette Mercedes 250SE WIII coupé de 1966 :
On citera encore Antique Sellerie, CCG Automobiles (achat, vente, dépôt vente, recherches personnalisées, avec plusieurs Ferrari, Porsche, Toyota GR), Cryo LMG pour le nettoyage cryogénique de vos organes mécaniques …
Sur la piste
Cette Lotus Emira First Edition a fait forte impression sur la piste. On dirait une copie de Ferrari. C’est propulsé par un V6 à compresseur 3,5 litres d’origine Toyota qui envoie 400 chevaux pour 1500 kg :
Très belle Audi R8 à moteur V8 :
Chevron B16 Cosworth et barquette Alfa-Roméo :
Spectaculaire Donkervoort :
Jolie Porsche Boxster 986 équipée d’un Aérokit Porsche du plus bel effet et qui vient cacher la capote :
Très belle Renault Spider coursifiée :
Jean C. du Club Sport Auto, tournait sur une Bentley d’avant-guerre. Courageux !

Je vous présente ici un diaporama général de 150 photos de ce que j’ai vu d’intéressant et quelques raretés qui ont retenu mon attention :
Dans les parcs
Les plus rares et belles pépites étaient dans les parcs. J’ai remarqué quelques Matra Jet et De Tomaso Pantera, une Simca CG, une SOVAM Gordini 1100, deux Bugatti de course dans leur jus (leurs propriétaires les laissent souvent comme ça), une très belle Honda S800 dont le propriétaire vous disait tout, un coupé GS do Brasil, des Renault Twingo première génération, la plus originale de toutes (quelle laideur la dernière !), une Jidé, deux Marcos, une Donkervoort, une Jaguar D (originale ou réplique ?), un van Chevrolet 9 places dans son jus, une magnifique et élégante Lancia Flavia 1800, une Alfa Roméo 2000 Spider Touring, une Datsun 240Z …
Opel, le 4ème constructeur allemand après Porsche, Mercedes et BMW, spécialiste des voitures insipides et sans personnalité, était représenté par un beau panel d’Opel GT, ce petit éclair de génie de 1968, probablement conçu par des stagiaires qui n’ont pas été gardés (je suis méchant là, en fait ce sont de grands stylistes de General Motors qui l’ont dessinée, une sorte de Chevrolet Corvette à l’échelle européenne) :
Chevrolet Corvair 900 Monza 1962 ! Cette voiture américaine originale est propulsée par un flat 6 2,4 litres refroidi par air placé à l’arrière, comme sur une Porsche 911 ! On admire le chemin de la courroie de ventilateur qui se tortille sur elle-même 4 fois par tour ! C’est le Chevrolet Corvair Club qui la présentait :
Bricklin SV1 de 1974 à moteur V8 AMC 5,9 litres. Je n’en avais jamais vue ! Conçue et produite au Canada de 1974 à 1976 à 2854 exemplaires. Carrosserie en fibre, portes papillon. J’aime bien le traitement du pare-chocs avant pour répondre aux normes américaines :
Ravissant petit cabriolet Alpine :
Arista, sur base Panhard, jamais vue ! C’est une petite marque française de 1953 à 1963 créée par Raymond Gaillard, un pilote et concessionnaire Panhard :
Le tank Renault 4CV. Jamais vue ! Cette élégante petite barquette n’a pas tourné mais je l’ai découverte dans le parc. Une histoire incroyable ! Réalisée en 3 ou 4 exemplaires en 1953 dans les ateliers Renault de Casablanca au Maroc sur la base d’une 4CV, elle a été restaurée et a participé au Grand Prix des Remparts d’Angoulême en 2024. Elle a fait une carrière sportive en Afrique du Nord. Il en subsisterait 2 exemplaires. En savoir +
Magnifique attelage d’une VW Karmann Ghia avec une caravane de même époque :
Maserati : pour trouver des Maserati il fallait aller à l’espace des voitures de collection à vendre, avec cette somptueuse Ghibli 4,7 litres, chef d’œuvre de Giugiaro, qui crevait l’écran dans le film La Piscine, ce rare coupé 4200 GT BVM (votre serviteur), cette tout aussi rare berline Ghibli V6 320 chevaux et enfin cette 3200 GT :
Voilà ! Les Coupes Auto Légende, c’est très loin du Mans Classic mais c’est une sympathique petite réunion à la portée de tous près de Paris et il faisait beau !